Dans l’esprit commun, le terme décroissance tend à perdre sa signification étymologique d’origine et, tout comme l’écologie, désigne désormais une mouvance politique mettant en cause, avec des approches parfois différentes, le sacro-saint concept de croissance économique présidant au discours consensuel de l’ensemble des partis de gouvernement. Mais contrairement à la notion d’écologie, qui comporte dans sa sémantique un ferment naturel et rassurant, celle de décroissance semble contraire à la nature humaine et inquiète l’individu ordinaire. Conscients de ce problème, certains décroissants ont même fait de l’oxymore joyeuse décroissance leur slogan fédérateur. C’est ainsi que le discours officiel de nos dirigeants présentant la croissance comme remède à tous les problèmes et son absence comme source de tous les maux se trouve radicalement inversé : la décroissance est alors annoncée comme nouveau sésame devant nous faire accéder à la joie de vivre. Alors qui croire ? La majorité qui dit : le bonheur c’est la croissance, ou une minorité qui clame : le bonheur c’est la décroissance ? Car cette minorité est bien seule, flouée même par ses géniteurs historiques, les écologistes, qui ont fini par valider la notion de croissance moyennant l’adjonction du simple l’adjectif qualificatif durable. La suite de cet article est réservée aux abonnés !