La société croissante, qui a élevé le progrès technique et le niveau de vie à des degrés encore jamais atteints, n’en a pas moins fait reculer la responsabilité humaine sur deux fronts : celui de l’Etat et celui de l’Individu. Par la mise en place d’une prise en charge généralisée et d’une législation omniprésente, cette société croissante a quasiment achevé la phase de déresponsabilisation globale de l’Individu et se prépare à l’étape suivante qui consistera en son infantilisation définitive, lui ôtant durablement toute capacité d’action autonome. Déjà réduits à la portion congrue d’une poignée de réfractaires passifs, les zélateurs de la responsabilité individuelle font figure de dangereux anarchistes aux yeux de la multitude accablante des utilisateurs exosomatiques de l’Etat. Car de même que la clef de contact, et bientôt le simple ordre vocal, remplacent désormais le tour de manivelle pour démarrer un moteur d’automobile, (éloignant ainsi le pourquoi du comment au regard du consommateur), le moindre problème de la vie courante, autrefois géré au sein de la sphère de responsabilité individuelle, est fondé aujourd’hui à être traité et résolu de façon univoque par le recours à l’Etat. La suite de cet article est réservée aux abonnés !