La problématique mettant en relation la loi, les libertés et les mœurs est ancienne, comme en témoigne cette citation d’Horace dans sa vingt-quatrième ode : « Quid leges sine moribus, quid mores sine legibus ? » (« Que sont les lois sans les mœurs, que sont les mœurs sans les lois ? »), ce qui revient à dire que l’intrusion de l’Etat dans la morale populaire est aussi vieille que l’Etat lui-même. Les sociétés ont toujours connu des évolutions de leurs mœurs, encadrées elles-mêmes par un dispositif législatif, sans que nous puissions déterminer avec évidence si ce furent à chaque fois les avatars de la morale qui obligèrent les lois à s’adapter, ou si ce fut la volonté étatique qui conditionna les comportements des individus dans ce domaine. L’affirmation courante que le législateur est condamné à suivre les changements de la société, en lâchant continuellement du lest face à des mœurs de plus en plus débridées est largement caricaturale, même si elle sévit et perdure encore chez nombre de juristes.
Christian Laurut
Chercheur indépendant en organisation sociétale
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