Dans un premier temps, et pour bien fixer les idées, il ne paraît pas inutile de rappeler la définition que donne le dictionnaire du mot décroissance. Celui-ci dit que la décroissance, c’est la situation de quelque chose qui diminue, le terme décroissance ayant pour synonyme : déclin, diminution. Une première remarque que nous pouvons faire à la lecture de cette définition, c’est que certaines acceptions de nature idéologiques ou philosophiques, qui ont été imposées, ou suggérées, par certaines mouvances politiques sont par conséquent des acceptions qui ne sont pas conformes à la définition initiale du mot. En effet, la décroissance n’est pas une idéologie ni une option philosophique, c’est, bien au contraire, la réalité physique constatée d’un système qui décroît.
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Mais l’opinion publique, dans sa diversité, considère la « décroissance » de multiples façons en opérant la combinaison de plusieurs idées qui nous semblent être au nombre de cinq. Cinq idées génériques, cinq idées simples, véritables unités de base structurantes de la notion de Décroissance, dont certaines pourront naturellement être combinées entre elles, par deux voire par trois, pour donner naissance à une idée dérivée sensiblement plus complexe puisque, comme le disait très justement John Locke, les idées complexes qui restent divisibles et fragmentables ne sont que des associations d’idées simples qui sont, par hypothèse, indivisibles.
- La première idée simple de La Décroissance, c’est celle de la Décroissance interprétée comme un objectif permettant de changer le mode de vie actuel de chaque individu par un mode de vie meilleur, et que nous dénommerons : la décroissance individualiste volontariste, ou décroissance volontaire.
- La deuxième idée simple de La Décroissance, c’est celle de la Décroissance interprétée comme un objectif permettant de réduire, voir d’annuler, un certain nombre d’externalités négatives de la croissance, et que nous dénommerons : la décroissance environnementaliste, ou décroissance écologiste
- La troisième idée simple de La Décroissance, c’est celle de la Décroissance interprétée comme un argument politique permettant d’élargir une base électorale et que nous dénommerons la décroissante politicienne, ou imposture décroissante.
- La quatrième idée simple de La Décroissance, c’est celle de la Décroissance interprétée comme une résultante inéluctable du processus industriel et comme première phase plus ou moins rapide d’un effondrement sociétal, également inéluctable, et que nous dénommerons : la décroissance effondriste, ou collapso-décroissance.
- La cinquième idée simple de La Décroissance, enfin : c’est celle de la Décroissance interprétée comme une résultante inéluctable du processus industriel, mais pouvant être encadrée par un nouveau système économico-politique pour éviter l’effondrement, et que nous dénommerons : la décroissance inéluctable, ou décroissance réelle (terme nouveau que nous suggérons, par opposition aux cinq autres idées simples précitées qui ne nous semblent pas décrire la vraie décroissance).
Et c’est cette cinquième idée simple que porte notamment le Parti pour l’après croissance (PPAC), en tant qu’interprétation du concept de décroissance, et que je m’efforce d’argumenter dans la plupart de mes communications. De ce point de vue, la décroissance peut s’assimiler à une théorie : la théorie de la décroissance inéluctable.
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